Les
premières personnes à remarquer les objets
furent deux agents de la police régionale de Sudbury,
Bob Whiteside et Alex Keable. Il était environ
cinq heures du matin, et ils effectuaient une ronde dans
les rues des quartiers ouest de Sudbury lorsque leur attention
fut attirée par quatre objets brillants, tout là-haut
dans le ciel.2 En raison de l'éclat
qu'ils irradiaient, il n'était pas possible de
discerner leur forme, mais les agents de police admirent
d'un commun accord que ces étranges vaisseaux de
l'air, évoluant sans aucun bruit perceptible, n'étaient
certainement pas des appareils ordinaires. L'un des objets,
plus brillant que les autres, semblait se mouvoir en rebondissant,
telle une balle de ping-pong, en direction du sud-ouest;
un deuxième objet, qui se trouvait au nord-est,
demeurait stationnaire. Quand aux deux autres, ils semblaient
dériver sans but précis.
Entre-temps,
dans l'ouest de la ville, deux autres personnes avaient
aussi remarqué ce qui devait être les quatre
objets en question: c'étaient deux autres agents
de police, l'un masculin, Gary Chrapynski, et l'autre
féminin, J.B. Deighton. Ils virent les appareils
émettre des rayons lumineux qui semblaient éclairer
les nuages au-dessus d'eux. Se servant de leurs jumelles,
ils purent déterminer la forme de l'un des objets
qui leur parut long et cylindrique, assez semblable à
un dirigeable. D'autres agents de police, stationnés
à différents endroits dans un rayon de 30
milles aux alentours de Sudbury, rapportèrent qu'ils
avaient également observé divers types d'appareils,
de forme circulaire, animés de pulsations et manoeuvrant
en silence dans le ciel qui se teintait des couleurs de
l'aube.
A
6h15 du matin, quatre agents de la station de radar des
Forces canadiennes de Falconbridge (à dix milles
au nord de Sudbury) signalèrent de même la
présence de trois cibles non identifiées
sur leurs écrans de recherche et d'indication d'altitude.3
La première paraissait être une sorte de
lumière très brillante et immobile, à
une hauteur de 30 000 pieds au-dessus de la station, qui
resta visible pendant 30 secondes. La deuxième,
de forme sphérique, semblait tournoyer sur elle-même,
tout en exécutant alternativement un mouvement
ascendant, puis descendait à une distance de 30
milles au sud de la station. Cet objet demeura apparemment
visible pendant plus de deux heures, alors qu'il évoluait
à une altitude variante entre 40 et 70 000 pieds.
Voici la description du troisième objet-cible:
"Il
était de forme circulaire, brillamment éclairé,
avec deux taches noires au centre; se dirigeant verticalement
à toute vitesse, il atteignit ainsi, à partir
de 42 000 pieds, la hauteur de 72 000 pieds. Il n'était
animé d'aucun mouvement circulaire, et on put le
voir pendant 14 minutes. Le major O. a pris des photos,
mais on n'est pas sûr du résultat."4
Le
même jour, un mardi, on put lire dans le Sudbury
Star un compte rendu qui confirmait que des photos
des mystérieux objets avaient bien été
prises.
"A
Ottawa, le quartier général de la Défense
nationale a confirmé que quatre personnes de la
station de radar, alertées par la police, ont aperçu
vers 6h15 trois sphères brillantes ayant chacune
deux tache noires. Ces objets ont été photographiés
par le personnel de la base."5
Plus
tard, dans l'après-midi du même jour, les
journalistes du Star reçurent avis, de la
part du Bureau des relations publiques du ministère
de la Défense nationale à Ottawa, que les
photos en question seraient bientôt à la
disposition de la presse. Ce point fur corroboré
par les gens de la station de radar de Falconbridge qui
précisèrent même que les tirages développés
seraient disponibles dès le lendemain matin (mercredi).
Mais,
le lendemain matin, lorsqu'on prit contact avec le major
Olivier - l'officier commandant la station -, celui-ci,
à la grande surprise de ses interlocuteurs, fit
la déclaration suivante: "Aucune photographie
n'a été prise, et aucun message n'a été
envoyé à Ottawa mentionnant l'existence
de photos!" Et il ajouta qu'après enquête,
il ressortait que "personne n'avait mis la main sur
un appareil photo."6
Ce
brusque revirement était en contradiction directe
avec les déclarations précédentes
du quartier général de la Défense.
Qui plus est, le communiqué d'Ottawa confirmant
l'existence des photos, était expressément
fondé sur le texte spécifique du rapport
télex envoyé à partir de Falconbridge
au quartier général, à savoir: Le
major O. a pris des photos, mais on n'est pas sûr
du résultat.7 Le mystère
s'épaissit encore davantage si l'on considère
que, pendant plus de 24 heures, tant le quartier général
de la Défense que le Conseil national de recherches
et les journalistes du Sudbury Star, furent entretenus
dans la conviction que les (inexistantes) photos allaient
être communiquées au public! S'agissait-il
là d'un manque de coordination dans les communications
interministérielles, ou bien fallait-il conclure
à une consigne de silence imposée à
la dernière minute?
Nous
ne connaîtrons sans doute jamais les raisons de
cette discrétion de façade, mais il semble
bien qu'on ne puisse douter du fait que des OVNI survolaient
effectivement Sudbury ce matin-là. En fait, ces
objets se trouvaient toujours dans les parages six heures
plus tard lorsque des hauts fonctionnaires du NORAD décidèrent
d'envoyer après eux des chasseurs à réaction
spécialisés dans l'interception. Suivant
la relation qu'en fit le Sudbury Star:
"Les
chasseurs ont été mis en alerte et ont décollé
de la base militaire aérienne américaine
de Selfridge, Michigan, à 12h50, heure locale."8
L'OVNI
manoeuvrait aux alentours de la station radar de Falconbridge,
au nord de Sudbury, Ontario. (Conception de l'auteur).
Ce
fait fut plus tard confirmé par le capitaine Rudy
Miller, officier chargé des relations publiques
auprès de la 22e division du NORAD à North
Bay, dans une déclaration où il affirmait
que deux appareils d'interception F-106 de la U.S.
Air National Guard Squadron "avaient rapporté
qu'ils suivaient de près la piste de l'objet."
Le capitaine ajoutait: "En fait, tout ce que les
pilotes ont rapporté avoir rencontré, c'étaient
des réflexions solaires sur des cristaux de glace
dans les nuages."9
Photo
pas disponible
Le
Major Donald Oliver, ancien officier commandant du CFS
de Falconbridge.
Photo des Forces canadiennes.
L'avion
intercepteur R-106 de l'U.S. Air Force. Photo des Forces
canadiennes.
Nous
n'irons pas discuter la possibilité que les pilotes
aient observé des phénomènes de réflexion
du soleil sur la surface de quelques cirrus. Ce qui reste
à prouver, c'est qu'on puisse rendre ces jeux de
lumière solaire responsables des nombreuses observations
rapportées. L'explication fournie par le NORAD
ignore délibérément le fait que des
objets, apparemment géométriques et solides,
furent observés à la fois de visu et au
radar, alors qu'ils se livraient à des manoeuvres
de haute voltige aérienne, par une grande diversité
de témoins qualifiés.
Mais
la palme de l'originalité, dans les explications
du phénomène, revient sans doute au docteur
Ian Halliday, agent de recherche auprès de l'Institut
Herzberg d'astrophysique du CNR. D'après le docteur,
ce que les agents de police avaient vu, c'était,
selon toutes probabilités, Vénus ou Jupiter:
"Vénus
se lève haut dans le ciel, vers trois heures du
matin, dans la direction du sud-est, et elle reste encore
brillante et haute dans le ciel après que le soleil
se soit levé. Quand à Jupiter, elle est
également brillante et se couche aux environs de
4h30 du matin."10
En
ce qui concernait les observations enregistrées
au radar, le docteur Halliday risquait l'hypothèse
suivante:
"Autant
que l'on puisse dire, il ne s'agit là que d'une
coïncidence. Ce n'est pas inhabituel avec les radars.
Il se trouve que les techniciens ont vu une anomalie au
même moment."11
Entre-temps,
pendant les jours qui suivirent la première observation,
les habitants de la région continuèrent
à signaler des cas d'apparition d'OVNI.
Plus
de trois ans se sont écoulés depuis cet
incident, et voici que toute l'affaire refait surface
au moment où le commandement des Forces aériennes
américaines ainsi que le ministère de la
Défense américaine sont forcés de
laisser circuler publiquement des documents qui étaient
auparavant hautement confidentiels. Ces documents, dont
la circulation est ainsi autorisée en vertu de
la Loi américaine sur la liberté d'accès
à l'information, révèlent entre autres
que la présence d'OVNI au-dessus des installations
militaires était bien plus répandue que
les premiers rapports ne le donnaient à penser.
Le fait a reçu confirmation officielle de la part
des fonctionnaires du Conseil national de recherches,
le 19 janvier 1979, à Ottawa.12
Selon
le docteur Bruce McIntosh, agent de recherche de la Section
des sciences planétaires de l'Institut Herzberg,
des chasseurs à réaction canadiens auraient
effectivement reçu l'ordre de décoller pour
intercepter les OVNI à deux reprises au moins,
au cours de la grande vague d'observations qui dura une
semaine. Il semble également que durant la nuit
du 6 novembre, cinq jours avant l'incident de Sudbury,
des cibles non identifiées furent repérées
sur les écrans de radar de la base de commandement
du NORAD à North Bay, à 70 milles à
l'est de Sudbury. De même que dans l'affaire de
Falconbridge, la présence prolongée de ces
cibles sur les écrans de radar incita les responsables
de la base à donner l'ordre de décollage
à des appareils d'interception canadiens. Selon
le docteur McIntosh, leur recherche fut vaine.13
Durant la même période, d'autres appareils
canadiens furent aussi envoyés dans les airs pour
intercepter un OVNI qui se rapprochait de la frontière
canadienne après avoir survolé quelque temps
la zone de lancement de missiles de la base des Forces
aériennes américaines de Loring, dans le
Maine. Les rapports ne disent pas si les chasseurs canadiens
aperçurent ou non l'OVNI en question. Quant aux
documents d'archives américains, ils font également
état d'un déploiement considérable
d'activités d'OVNI au-dessus d'autres sites de
lancement de missiles nucléaires et de bases de
bombardiers, installés le long de la frontière
canadienne, dans le Maine, au Montana et au Michigan.
Comme
toujours, le Conseil national de recherches s'est efforcé
d'atténuer l'importance de l'observation. Le docteur
McIntosh prétendit, en guise d'explication des
faits, que la réflexion de faisceaux de radar sur
des appareils aériens volant au-dessus de l'horizon,
par des couches de cristaux de glace d'une haute densité
pouvait avoir produit un faux signal de radar. Il formula
une deuxième hypothèse selon laquelle il
était aussi possible que l'objet de l'observation
ait été Vénus "saillant comme
un pouce enflammé."14
_______
1.
Toronto Star, le 20 janvier 1979.
2. Sudbury Star, le 11 novembre 1975.
3. Institut Herzberg d'astrophysique, Section des sciences
planétaires, Conseil national de recherches, fiche
des observations non météoriques, N75-147,
Ottawa.
4. Ibid.
5. Sudbury Star, op. cit.
6. Sudbury Star, le 15 novembre 1975.
7. Ibid.
8. Sudbury Star, le 12 novembre 1975.
9. UFO-Québec, vol. 1, no 7, p. 12.
10. Sudbury Star, le 14 novembre 1975.
11. Ibid.
12. Toronto Star, le 20 janvier 1979.
13. Ibid., p. 2.
14. Ibid., p. 2.